LE BARON NOIR

Pour éclairer le nouveau pont du Carrousel construit à la fin des années 1930, le décorateur Raymond Subes conçoit un système sophistiqué de réverbères télescopiques.

En réduisant l'installation à 4 pylones, la jolie perspective vers le Palais du Louvre conserve toute sa majesté.

Mis en place en 1946, les candélabres de Subes culminent, le soir venu, à 20 mètres, pour redescendre, le matin, à 13 mètres.

L'ingénieuse machinerie fonctionnera à la perfection ... une seule fois ... avant de se figer obstinément en position basse pendant plus de 50 ans.

Restauré et fiabilisé, l'éclairage du pont du Carrousel retrouvera son étonnant mobilité en 1999.

L'improbable Baron Noir, qui avait défrayé les chroniques parisiennes en survolant la capitale sans se montrer, aurait alors salué l'avènement du 3ème millénaire en inscrivant la silhouette de son avion entre les candélabres, dans une remontée aussi téméraire que clandestine de la Seine.

D'après les recherches de agents du Quartier Général, seul ce dessin atteste de la performance...


LA DERNIÈRE COLONNE

Impressionnants cambriolages en série dans les XV et VIIème arrondissements!

Une agile silhouette gainée de noir échappe aux forces de police en disparaissant sous les arcades du métro aérien.

Celle que la presse a déjà surnommée "la monte-en-l'air" reste insaisissable. Les quelques indices relevés sont formels, le suspect est bien une femme.

Mais ce sont les traces de composition chimique semblable au gaz de ville qui servait autrefois à l'éclairage public qui intriguent le plus nos agents... C'est ainsi que l'on va se souvenir qu'une des dernières colonnes Morris utilisées par les allumeurs de réverbères pour y ranger leur matériel est toujours installée boulevard de Grenelle.

On y découvrira bien la perche servant à crocheter quelques fenêtres, et les accessoires vestiges de l'époque de l'éclairage public.

Mais aussi une trappe dissimulée dont l'ouverture donne accès à un petit réseau désaffecté de galeries d'entretien des égouts. Sachant probablement son subterfuge mis à jour, la monte en l'air ne réapparaitra plus dans le quartier.

LE MIROIR AUX DIAMANTS

Du Second Empire au Paris des Années Folles, les cocottes n'avaient pas leur pareil pour révéler aux épicuriens les délices de tous les plaisirs.

Ce n'était pas sans un certain cout pour l'amateur assidu, d'autant plus que ces demoiselles, grandes collectionneuses de pierres rares, connaissaient déjà la chanson bien avant qu'elle ne soit écrite: "Diamonds are a girl's best friends".

 

Sur les quais de Seine, un restaurant renommé pour la discrétion et le confort de ses petits salons, se prêtait particulièrement bien à ces échanges de bons procédés.

Les demi-mondaines n'hésitaient pas à vérifier l'authenticité de leur cadeau en l'éprouvant sur les miroirs de l'établissement. Et malheur aux trafiquants en verroterie! L'un d'eux le paiera de sa vie. Au péril de leur vertu, les agents du Quartier Général devront se débattre dans les milieux des diamantaires d'Anvers et des "Petites Femmes" de Paris.

Quel sera le plus secret des deux?

VAPEUR D'ORIENT

"Cathédrale de l'humanité nouvelle" d'un XIXème siècle à toute vapeur, la gare emblématique de l'ancien réseau de l'Est peut s'enorgueillir de toujours recevoir à quai le luxueux Venise-Simplon-Orient-Express.

Aux normes de son mythique modèle des années 30, ce train demeure réfractaire à la climatisation de ses voitures. Cependant il se garde bien de circuler entre décembre et février. Peut-être le souvenir tenace de cet hiver 1929...

Bloqué dans les Balkans par d'énormes congères, le palace roulant eu tôt fait de se réduire à l'état de chambre froide.

Cette mésaventure offrira à Agatha Christie le cadre d'un de ses plus célèbres romans.

Mais ce que l'on sait moins, c'est que si le train transporta et attisa l'imagination d'un certain nombre de grands de ce monde, il ne connut fort heureusement aucun crime à son bord. Grâce notamment à l'intervention de nos agents, déguisés en préposé des Wagons-Lits, en Maharadjah haut en couleur ou en lors anglais féru d'archéologie. 

Leur principal fait d'armes ? Avoir évité le pire lorsque le roi de Bulgarie, Ferdinand Ier, exigea de prendre les commandes de la locomotive, au risque d'en perturber le confort légendaire, et de conduire le convoi au fond d'un ravin.

LE FANTÔME DU JARDIN TROPICAL

Paris, 1907.

L'exposition coloniale ferme ses portes. 

Les habitants des villages regagnent les possessions françaises aux quatre coins de l'Empire.

Tous? Non, car l'espace envahit par des herbes folles reste le domaine de milliers d'esprits.

Peu connu, peu visité, peu entretenu, se promener dans les vestiges du Jardin d'Agronomie Tropicale du Bois de Vincennes n'est pas sans risque pour le visiteur non initié.

Les agents du Quartier Général devront-ils mobiliser les services de marabouts pour exorciser les lieux ou s'agit-il plus simplement d'un descendant des autochtones invités au début du siècle, jaloux de cet espace sauvage qu'il considère comme la terre de ses ancêtres?

L'ANGUILLE DE L'OPÉRA

Si d'aucuns s'accordent sur l'existence d'un fantôme hantant l'Opéra Garnier, bien peu peuvent se vanter d'avoir aperçu la fabuleuse anguille géante, locataire du mystérieux lac de l'Opéra.

En réalité, le lac n'est qu'une citerne, idée géniale de l'architecte Charles Garnier pour consolider les fondations de la partie centrale du bâtiment construit sur les sous sols marécageux du IXeme arrondissement.

Existe-t-il un moyen entre l'ancien prestidigitateur responsable de nombreux méfaits et le poisson géant? Même si le fantôme s'est repenti depuis longtemps, le mystère reste entier pour la communauté scientifique.

Comment cette anguille, borgne au demeurant, a-t-elle bien pu se frayer un passage à travers les méandres que composent le réseau d'eau parisien, et surtout comment peut elle survivre dans ce milieu fermé?

Avec l'aide des spécialistes du Muséum d'Histoire Naturelle, nos hommes devront plonger dans ce royaume des ténèbres pour le découvrir.

LE SORTILÈGE DE DUPUYTREN

Blanche-Neige, Dark Vador, joueur de foot ou même ticket de métro, la statue de Guillaume Dupuytren, trônant au coeur du jardin de l'Hôtel Dieu, supporte deux fois par an la créativité débridée et plutôt potache des étudiants en médecine, célébrant ainsi la fin de leur internat. La pratique serait apparue dans les années 90, transformant ainsi une sculpture très conventionnelle en Manneken Pis parisien.

Le célèbre chirurgien du XIXème siècle était aussi réputé pour son caractère irascible et son irrépressible désir de renommée.

Mais que cache réellement cette coutume?

Il se dit dans les couloirs de l'hôpital qu'elle servirait à masquer la copie grossière qui aurait remplacé la statue originale, que nos agents vont tenter de retrouver dans les sous-sols de l'institution médicale de l'Ile de la Cité.

Spiritisme, bizutage ayant dégénéré, pari d'étudiants quelque peu éméchés, aucune hypothèse ne doit être écartée. 

Espérons que l'homme était, malgré sa réputation difficile, expert question autodérision.

LA FUREUR DU DRAGON

"Lorsque la tête du dragon apparaitra, l'eau s'embrasera"

Cette mystérieuse prédiction ancestrale chinoise, rompant avec les dogmes anciens des éléments composants l'univers, met les habitants du XIIIème arrondissement en émoi. La Fontaine Dragon, construction de fer et de verre, surgit et replonge dans les entrailles de la terre, à l'aplomb d'une usine souterraine de traitement des eaux de la Seine.

A intervalles réguliers, l'eau sous pression parcourt le long corps creux du monstre assoupi.

Il parait bien paisible pourtant, mais comme un volcan en sommeil, il ne demande qu'à se réveiller.

Et si Chen Zhen, son auteur, s'est bien gardé d'en dévoiler la tête, celle-ci peut apparaitre à tout moment.

Peu sensibles aux croyances populaires, et malgré les mises en garde des vieux sages de la communauté chinoise, nos agents sont tout de même sacrément troublés lorsque, le soir venu, les méandres de la bête s'illumineront aux couleurs des feux de l'enfer.


LOO Y ES-TU ?

Voici une enquête un peu différente qui est confiée à nos limiers.

Il ne s'agit pas à proprement parler de résoudre une énigme, mais plutôt de réhabiliter la mémoire d'un homme, le plus grand marchand d'art chinois du XXème siècle?

Qui êtes vous donc, M. Loo?

Chinois en Chine, Dandy en Occident.

Défenseur de la culture chinoise et pilleur de ses richesses.

Profondément ancré dans son époque, mais absolument visionnaire.

Philanthrope, mais peu scrupuleux.

Proche du plus modeste de ses compatriotes, et fréquentant les Rockfeller et les Vanderbilt.

Considéré comme un traître dans son pays mais honoré et respecté en occident.

Incroyable destin que celui de cet orphelin devenu cuisinier, qui s'embarque pour l'Europe à 22 ans et qui sensibilisera l'oeil des occidentaux aux trésors artistiques de la Chine ancestrale.

Reste cette imposante pagode, érigée en 1926 et ses archive qui viennent d'être miraculeusement exhumées et qui révéleront sans doute bien des secrets.

ARUM TITAN

Un jardinier des serres d'Auteuil alerte nos équipes de la spectaculaire floraison d'un spécimen non répertorié à l'inventaire.

Plus de 3m de hauteur et 5m d'envergure pour son unique pétale : des dimensions hors-normes jamais observées à ce jour pour cette espèce des jungles de Sumatra.

En plein épanouissement, la température de la plus grande fleur du monde augmente considérablement et elle exhale alors un délicat parfum... de viande passablement avariée, à plus de 800m.

Si d'ordinaire la floraison ne dépasse pas 72h, voici plus d'un mois que la fleur empeste l'atmosphère et dérègle le climat des serres.

N'écoutant que leur courage, nos agents, spécialisés en botanique et équipés de de scaphandres appropriés, se préparent à affronter le monstrueux Arum Titan avant qu'il ne contamine de manière irrémédiable le Bois de Boulogne voisin.

Après avoir endigué son expansion, des analyses dans le laboratoire du Quartier Général conduiront nos botanistes à se demander si la plante avait opéré une mutation seule ou si elle avait été aidée par quelques naturalistes mal intentionnés.